Article scientifique : résidus de pesticides dans la pomme de terre et santé

Un article scientifique dans Science of the Total Environment alerte sur les résidus de pesticides dans les pommes de terre

Le laboratoire vient de publier un article dans la revue internationale Science of the Total Environment sur l’impact des résidus de pesticides issus de la culture et du stockage des pommes de terre. En s’appuyant sur un modèle murin et des approches multi-omiques, l’étude met en évidence des effets biologiques potentiels d’une exposition alimentaire chronique à ces mélanges de substances.

Le laboratoire vient de publier, dans la revue Science of the Total Environment, une nouvelle étude scientifique portant sur l’impact des résidus de pesticides issus de la culture et du stockage des pommes de terre. Réalisée à l’aide d’un modèle murin et fondée sur des approches multi-omiques intégrées, cette recherche met en évidence les effets biologiques potentiels d’une exposition alimentaire chronique à des mélanges de produits phytopharmaceutiques couramment utilisés.


Résumé

La pomme de terre compte parmi les aliments de base les plus consommés dans le monde, mais sa culture et son stockage impliquent fréquemment l’utilisation de nombreux produits phytopharmaceutiques (PPPs), soulevant des préoccupations quant aux risques sanitaires liés aux résidus de pesticides dans l’alimentation.

Les effets sur la santé de mélanges de résidus de PPPs utilisés dans la culture de la pomme de terre ont été évalués à l’aide d’un modèle murin in vivo impliquant 36 souris, selon une approche multi-omique. Deux modes de culture au champ (conventionnel et biologique) et deux conditions de stockage post-récolte (utilisation du 1,4-diméthylnaphtalène ou de l’huile essentielle de menthe comme inhibiteurs de germination) ont été considérés. Les tubercules ont été transformés en farine, puis administrés quotidiennement aux animaux à dose modérée pendant 20 jours consécutifs.

Les analyses nutrigénomiques ont révélé une dérégulation significative de l’expression génique, avec 70 gènes affectés dans le foie, 56 dans le jéjunum et 52 dans le cerveau, suggérant des perturbations des processus de prolifération cellulaire, des fonctions du système nerveux, du métabolisme des lipides et des glucides, de la santé reproductive et des réponses immunitaires. Les analyses métagénomiques ont mis en évidence des déséquilibres du microbiote intestinal, notamment une modification du rapport Firmicutes/Bacteroidota et des variations au niveau de deux genres bactériens potentiellement délétères.

Les principaux résidus suspectés d’être à l’origine de ces effets incluent le propamocarbe, le carfentrazone, le 1,4-diméthylnaphtalène, les dérivés du cuivre et l’huile essentielle de menthe poivrée. Ces résultats soulignent l’importance des approches omiques à large échelle pour identifier les perturbations biologiques potentielles, mettent en évidence les risques sanitaires associés à une exposition alimentaire chronique aux résidus de pesticides, en particulier sous forme de mélanges, et appellent à une réévaluation des normes réglementaires afin de promouvoir des pratiques agricoles limitant la présence de ces résidus, dans une perspective de meilleure protection de l’environnement et de la santé humaine.